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2 août 2009 7 02 /08 /août /2009 13:13

Nuages sauvages

 

 

J'ouvre les nuages

En auréoles de couleurs

Le fanatisme est une rage

Un puits de larmes et de douleurs

 

Une souricière

Dentelée aux yeux d'horreur

Grotesque nous est ouverte

Dans l'écorce du soi

 

Coupons le nécessaire

Dans l'étoffe de soi

D'un inventaire inachevé

Touffu et agité

 

Tu es parti un jour

Affamé de soleil

Sur un triangle immaculé

de torpeurs estivales

 

Pourquoi le plus amer

Est il souffle animal ?

Vorace volatile

Crevasse du soleil

 

Le bruit des chairs qui crissent

Adoucies par la nuit

Il n'y a plus que la souffrance

qui creuse son gouffre amer

 

J'ouvre les nuages

En auréoles de couleurs

Le fanatisme est une rage

Un puits de larmes et de douleurs

 

 

juin 2009

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26 juillet 2009 7 26 /07 /juillet /2009 20:08

Connaissez-vous la Côte de Gazelle ? C’est un merveilleux pays dont le rivage a la découpe d’une gazelle à l’affût. Il est beau de voir, chaque soir, le soleil y déposer sa grande couronne rouge. L’animal fétiche du pays, c’est une sympathique vipère à cornes qui,  inévitablement, surgit de derrière la dune.

Certains jours, la vipère à cornes s’amuse à dessiner de véritables hiéroglyphes sur les pentes sablonneuses, ce qui fait la joie du cueilleur de mots que vous êtes… Il lui arrive aussi que, se prenant pour une fleur, la vipère à cornes se dresse de tout son petit corps pour se faire cueillir. Et vous, pour ne pas la contrarier, vous lui dîtes : « Ça va, je sais, tu n’es pas une vipère à cornes, alors, laisse moi deviner… heu… tu es une chouette ! », et instantanément, la vipère à cornes se transforme en chouette ! On peut lui dire tout ce qu’on veut, mais toujours selon la formule: « sava jeussé, tu né pasu nevi peracorn, alorlés seumoi deu viné, tu es un support de jarre », la vipère à cornes ne se vexe pas, elle se transforme en support de jarre et comme elle a le sens de l’esthétique, elle le complète avec une jarre remplie d’une huile d’or. Tenez ! Tant que vous y êtes, si vous avez faim, vous pouvez lui dire, suivant le protocole : « sava jeussé, tu né pasu nevi peracorn, alorlés seumoi deu viné, tu es  une galette de pain », et la petite vipère à cornes se laisse dévorer immédiatement, d’où l’expression : avaler des couleuvres qui, selon les pays, prend des sens différents. Quant à vous, votre vipère a cornes, vous la trouvez absolument délicieuse.

Mais ne vous avisez pas de lui demander de se transformer en cobra car c’est le nom du pays d’à côté. Quand on touche aux emblèmes nationaux, à l’instar de beaucoup d’autres peuples, les Gazellois se montrent assez chatouilleux.

Ce jour-là, en ce beau pays, un vautour planait au dessus des roseaux fleuris, mauvais signe, semble-t-il… mais de quoi ?  Nous ne pourrions le dire… La jeune Vasudebkoalaré marchait dans le sable tiède, accompagnée d’une petite caille boiteuse (la pauvre, elle s’était pris le pied dans une corde pour entraver les animaux et la jeune fille, d’une main experte, avait réussi à la délivrer). Toutes deux allaient se désaltérer au grand bassin d’eau. Tandis que Vasudebkoalaré se penchait sur le bassin pour faire boire la petite caille au mince, trop mince, filet d’eau, elle laissa échapper de son foulard une jolie mèche de lin tressé. Aussitôt, le vautour piqua droit sur elle et s’en empara.

Malheur ! La mèche de lin tressé faisait toute la beauté de la jeune fille. Maintenant, Vasudebkoalaré allait connaître la laideur dans sa propre chair. Cela ne tarda pas, elle fut bientôt affublée d’épaisses paupières de grenouille… ses lèvres se mirent à gonfler jusqu’à former deux grosses limaces… Et la pauvre jeune fille ne put que constater comment ses avant-bras prirent l’aspect du bois sec tandis que ses mains devinrent pareilles à des feuilles mortes comme on n’en voyait pas dans le pays. Quelle horreur ! Vasudebkoalaré avait terriblement honte. Mais ce qui la rendait malheureuse plus que tout, c’est que, dans cet état, elle ne pourrait plus épouser le scribe qu’elle admirait pour son savoir et qui l’aimait pour sa beauté. Elle alla se réfugier dans un abri de roseaux et la petite caille la suivit par solidarité.

Mais pouah ! Quelle odeur là-dedans ! C’est alors que Vasu, comme on l’appelait dans le voisinage, aperçut dans un coin un tas informe et pourrissant où elle crut reconnaître une queue de mammifère, puis, peut-être, un ventre recouvert d’une masse visqueuse qui pouvait être du placenta, une bête morte en couches, sans doute… Était-ce un mauvais présage ? Vasu était au comble du désespoir. Cependant, malgré la puanteur, elle ne pouvait se résoudre à sortir de sa cachette. Elle ferma le verrou et se roula en boule sur une étoffe pliée dans un angle de la case. La petite caille, désorientée, se mit à pépier pour appeler à l’aide. Apparut une vipère à cornes, immédiatement transformée en point d’interrogation, une deuxième en point d’exclamation et une troisième en miroir. La quatrième, une petite fée bleue, dit à Vasu :

-Regarde-toi, affronte ta laideur, allez ! C’est ça, le vrai secret de la beauté, regarde toi telle que tu es ! Et quant à l’odeur, tu dois t’y faire, ma fille ! La vie, ça sent pas toujours la rose !

La  jeune fille se voyant dans le miroir poussa un cri d’épouvante qui la rendit encore plus laide. Elle fit une crise de nerf, puis deux, puis trois, puis se calma.

- Que vois tu ?  insista la petite fée bleue.

Quand Vasu osa se regarder une nouvelle fois, ce qu’elle vit était vraiment trop horrible à voir, mais elle finit par dire :

- Une grenouille… 

- Oui, il y a de ça ! dit la fée, mais encore ? 

- Une limace,  répondit Vasu, dégoûtée.

- Eh bien, on progresse… rétorqua le fée qui ressemblait de plus en plus à une vipère à cornes.

- Mais quelle horreur ! se lamenta Vasu

- Oh, il y a pire ! dit la fée, moi, à une époque, je me suis transformée en cafetière, je n’en suis pas morte…  mais du calme, c’est normal, tout change, tout se transforme. Et maintenant, je vais te dire un secret : la vraie beauté réside en l’art de la métamorphose, en notre capacité à vivre et à devancer le changement. Afin que tu ne l’oublies jamais, il y a une formule magique que tu dois répéter chaque matin : Palsambleu et cassoulet de Paris, toupasteutracassepas !

 

À peine la fée eut-elle prononcé ces mots abracadabrants que la jeune fille partit d’un rire du tonnerre qui ne la rendit ni belle ni laide mais plutôt agréable et extrêmement sympathique. Ainsi, petit à petit, en voulant bien se regarder et s’accepter et en rigolant de tout et de rien, la jeune fille retrouva une certaine beauté. Ce n’était plus exactement la même beauté flagrante, mais une beauté à découvrir par qui saurait la découvrir et la redécouvrir. L’histoire ne dit pas si le scribe, tout savant qu’il était, sut redécouvrir la beauté de Vasudebkoalaré.

Mireille

 
   
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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 16:17



            Je voudrais tant être une écrivaine, alors que je ne suis qu’une écri-vaine ; je voudrais pouvoir toujours trouver les mots pour parler des maux de notre société, et panser les bleus à l’âme.

“Je ne pourrai pas amener Léo aujourd’hui en séance, il est hospitalisé, il s’est cassé le fémur ce week-end, il a “bourriné” entre les barreaux du parc, et c’est comme cela qu’il se l’est cassé..”, me prévient sa mère par téléphone.

            “Bien, Madame, je ferai la commission”.

            C’est bien plus facile, en ce lundi matin de bonne heure, de me joindre, moi la secrétaire, avant que la thérapeute n'arrive, il y a moins d’explications à fournir et je me dois de me taire.

Léo, un an et quelques mois, a déjà fait l’objet d’un signalement. Tout bébé, il a souffert d’un décollement de rétine, accident très rare et très suspect, connu dans le syndrome du bébé secoué, et il a fallu le transporter d’urgence au CHU de Toulouse, par hélicoptère.  Là-bas, il y resté tout seul, certes avec un personnel dévoué, mais sans la présence et l’affection de ses parents qui n’ont daigné aller le voir qu’une fois en quinze jours. Malgré le signalement, on le leur a rendu, faute de preuves, sans doute.

Fais ce que tu peux Léo, pour te protéger de la barbarie de ce monde !

Cette fois encore, les explications de la mère ne semblent pas convaincre la collègue. Elle joint le service hospitalier, Léo aurait la jambe cassée depuis vendredi dernier et ne serait soigné que depuis ce matin, lundi. Evidemmment, il était impossible de le mettre chez la nounou aujourd’hui, dans cet état, il fallait bien faire quelque chose, n’est-ce-pas, surtout qu’il pleurait beaucoup depuis deux jours.

Le pédiatre ne croit toujours pas à l’accident et refait un signalement:

“Léo sortira du service quand on lui aura trouvé une famille d’accueil,” assène-t-il.

Enfin, on va tenir compte des faits, même si  papa et  maman sont des gens si “comme  il faut”, ayant tous les deux un bon travail, et pignon sur rue, s’il vous plait, ce n’est pas comme ces familles pauvres et asociales chez qui tout peut arriver.

 

            Le juge diligente une enquête et des experts, pour savoir si Léo a pu effectivement se casser la jambe tout seul, comme cela, par “bourrinage”.

 

Eh bien oui, c’est possible, c’est même presque évident ! Et puis des familles d’accueil, il n’y en a pas beaucoup, on ne va pas le garder à l’hôpital ad vitam eternam !

 

Alors, Léo est retourné chez ses parents.

 

Fais comme tu peux Léo, ne “bourrine” plus et bonne chance à toi !

 

Il ne me  reste plus qu’à maudire le sort et à trouver les mots pour le dire.

 

                                                                                                      Clara

*bourriner De bourrin avec désinence -er.

(Familier) Travailler, agir sans finesse, sans réflexion.

 

 
 
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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 10:06
 

 

Arbre

Arbre, tu puises ta sève dans les sédiments ancestraux, dans le sang lourd et épais des ancêtres. Tes racines tortueuses se fraient un chemin vers les entrailles de la terre, plongent vers la terre de feu. Tes frondaisons peuplent le ciel, le vent dans ton feuillage te donne une voix.

Bestiaire

Recueil de bêtes fabuleuses, de monstres hybrides d'hommes et d'animaux. Hydrocéphales ou hydropiques, tétramorphes ou bifides, dragon de chine pourvoyeur de pluies, sirènes naufrageuses, gorgones goulues, chimères fantasques entassées dans un grand livre poussiéreux...

Cochenille

Pigment de couleur rouge, rouge vif éclatant. Un rouge profond qui traversa les contrées lointaines, à dos de dromadaires ou de baudets, parcourant la longue route de la soie. Une chenille dont l'ultime métamorphose se fera en une robe ou un bonbon.

Destinée

Destinée à quoi ? A rester là, les deux pieds dans la terre ? Enracinée comme l'arbre ou itinérante comme la cochenille? A moins d'être nait bête bifide ou tétramorphe, et fuir se monde inhospitalier, ce dédale de désespoir, pour la terre aux légendes.

Enchâssé

Enchâssé dans la pierre des chapiteaux, un bestiaire fabuleux s'échappe la nuit en glissant le long des colonnes du cloître. Il se répand comme une trainée de poudre dans les allées silencieuses pour fuir l'immobilité jusqu'au petit matin.

Fontaine

Dans la fontaine fantasmatique des rêves, enchâssée dans la pierre, une fragile figurine de femme fine et fertile s'enfuit sous les flots poursuivie de créatures bifides qui se figent de surprise et d'effroi, à la vue de sa fine silhouette de marbre.

Elle éclate de rire devant tant de monstruosités consternées.

Gourmandise

Une gourgandine gourmande engouffre goulument de gigantesques gâteaux gélatineux. Elle se régale, en grognant de plaisir. Elle ne se rend pas compte de sa monstrueuse et progressive métamorphose en goule tétramorphes.

Humilité

L'humilité de l'historien, face aux fantômes du passé est semblable, à celle du brin d'herbe, dans la pelouse humide d'un cloître. Les hypothèses sont nombreuses ; les certitudes sont rares. C'est ce que pense l'archéologue déçu de n'avoir pu retrouver la main de ce géant de pierre dans ce marécage nauséabond.

Itinérant

Errance d'un lieu à un autre, mouvement perpétuel, toujours partir vers l'ailleurs, vagabonder d'un lieu à un autre en quête d'illumination, vers cette inaccessible lumière au royaume des mortels. Partir, chercher le chemin qui serpente entre les herbes folles et évite les ornières boueuses.

Javelot

Planter son javelot dans la terre meuble et humide d'un matin brumeux, entendre le vent siffler puis le bruit mat du javelot qui s'enfonce sous la surface rugueuse de la terre mère. Peut être qu'il y arrivera, peut être qu'il n'y arrivera pas, mais chaque lancé est une tentative pour se surpasser. Le but se déplace sans cesse.

Kyrielle

Une kyrielle de petits soucis assaillent le lanceur de javelot, son tir en est dévié, sa main se fait tremblante, il pose son javelot, s'assoit, fait le vide dans sa tête et enfin paisible il reprend sa série de tirs.

gendes

Une légende parle de notre lanceur de javelot, elle prétend que depuis la nuit des temps, il erre de planète en planète au rythme de son lancé. Jamais il ne s'arrête dans un lieu plus d'une semaine, itinérant malgré lui, suite à une sombre malédiction prononcé à son encontre

Manuscrit

Dans ce manuscrit ancien retrouvé dans une cabane de jardin, protégé des intempéries par un coffre de bois finement ciselé, on a pu découvrir une langue inconnue encore indéchiffrable aujourd'hui.

Nabuchodonosor

Nabuchodonosor est parti à la recherche d'un trésor fabuleux qu'il pensait enterré dans une friche lointaine et protégé par un coffre finement ciselé. Nul n'a jamais su de quoi il pouvait bien s'agir. Nabuchodonosor est un être profondément secret, c'est peut être là que réside le commencement de la sagesse.

Ouvrir l'image

Ouvrir l'image avec un tournevis, un ouvre boîte ou un tire bouchon, à moins qu'une clef à molette ou une pichenette ne suffise. Pourtant l'image est fort belle, dans des couleurs sépia, quelque peu usée par le temps, elle a gardé pourtant sont pouvoir évocateur intact.

Pluie

Ce matin il pleut, des gouttes tapent contre la vitre de la fenêtre de la cuisine. Près de l'âtre un chat fait sa toilette, en passant consciencieusement sa patte derrière son oreille, un nombre incalculable de fois. Décidément la pluie ne s'arrêtera donc jamais.

Que dit l'image ?

Que peut bien nous dire l'image une fois qu'elle a été ouverte. Elle gît béante devant nous, tous ses secret soigneusement cachés jusque là qui s'étalent impudiquement à la vue de tous, mais est il a la porté de tous de voir à travers ce nuage de pixel autre chose qu'une image ?

Roman

Pas de quoi en faire un roman ! Vous parliez d'art roman, les romans sont des romains qui ont perdus leur i , et qui pratiquent l'art de couper les pierres en quatre pour se justifier de cette perte.

Serpent

Sifflez donc serpent, vous êtes seul avec le sculpteur de pierre qui vous a conçu ainsi, sinueux, sillonnant le monde en s'insinuant entre les pierres et les mots silencieusement ou en sifflotant sirupeusement une sempiternelle ritournelle.Seriez vous prêts à abandonner cette délicieuse solitude pour aller à la rencontre de la vastitude d'un monde où l'on avance debout?

tramorphe (trace)

Tétramorphe jusqu'aux bouts des ongles, elle ne vit pas l'ombre de l'aigle et du taureau qui lui emboitaient le pas dès qu'elle tournait la tête. Cependant, elle parti dans un grand éclat de rire qui effraya ses poursuivants ébahis, si bien qu'ils prirent leurs jambes à leurs cous et détalèrent avec perte et fracas.

Usure

L'usure avait fait son œuvre. Il s'était érodé au fil des ans, ses aspérités c'étaient arrondis. Le temps avait eu raison de son arrogance. Il n'était plus qu'un géant de pierre enseveli dans la vase d'un marécage. Les grenouilles se faufilaient entre ses jambes. Un naufrage titanesque avec une eau verdâtre pour tout linceul.

Vices et vertus

Pourtant ses vices n'étaient pas si nombreux que sa chute doivent être si abrupte et nauséabonde.Ses vertus auraient dues pouvoir le sauver d'une fin aussi désespérante, dans le déshonneur et l'oubli. Mais les Ondines, ces étranges nymphes des marais, lui tressèrent des couronnes d'algues et de fleurs qui le consolèrent quelque peu, dans son immense détresse.

Wisigoth

Les wisigoth, c'était eux qui étaient la cause du malentendu qui avait été à l'origine de sa chute. Personne ne l'avait cru. Tous ses amis les plus fidèles lui avaient tournés le dos sans se retourner. Le désespoir l'avait conduit auprès du sculpteur de pierre, et il n'en était jamais revenu, du moins personne jamais n'avait pu depuis entendre résonner sa voix ni ses pas entre les murs du cloître.

XI ème siècle

Au XI ème siècle, un moine en méditation prés d'une mare, vit soudain une main apparaître à la surface des eaux, cette main de pierre aux doigts verdâtres semblait appeler à l'aide. Effrayé il parti en courant, mais quand il tenta de retrouver l'endroit, accompagné cette fois du père supérieur il ne pu jamais le retrouver.

Y

La rivière faisait un delta qui ressemblait à un long Y sans fin. Au cœur du delta un oiseau multicolore avait fait son nid. Il couvait jalousement une énorme nichée d'œufs de toutes les couleurs de l'arc en ciel. Il veillait sur eux le jour comme la nuit. C'était dans les commencements du monde.

Zones

Des zones d'ombres subsistent encore aujourd'hui sur les raisons qui l'ont poussée à choisir ce chemin sinueux, semé d'embuches, plutôt que celui que l'on pensait avoir tracé pour elle. Elle avait choisi de parcourir le monde à son rythme, sans jamais presser le pas, sans se soucier du temps,ni des des tours et détours que lui faisaient prendre son obstination.

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6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 09:15

Soleil voilé, temps lourd. Sur la place, visages fermés, visages  aux yeux gonflés. Attente devant l’église, plaintes qui montent, regards recherchant des visages amicaux, une alliance dans le chagrin.

La foule qui se presse lentement dans les rangs  est venue accompagner F. dans son dernier voyage. L’attente se prolonge, on a bien le temps de partir quand c’est fini. La cérémonie sera douloureusement longue. Parfois, la voix de l’enfant se fait entendre, apportant une note de gaieté insolite dans cet océan de chagrin. Colère rentrée contre cet officiant qui en fait trop, il n’y a pas de place pour la douleur ni le doute  seulement pour la culpabilité. Je rêve où il a encore parlé de péché?

Un jeune homme  parle de  sa cousine vivante, il n’est  pas encore dans le passé, mais  dans le  manque de sa cousine, de la douleur de l’absence . Il rejoint l’enfant et l’accueille dans ses bras.

Douleur devant la douleur de la mère. Elle est là courbée, les épaules rentrées, et surtout le regard quêtant un appui,   pour s’épancher ? A travers cette posture vision fugitive de la mater dolorosa.

Attente renouvelée au cimetière, plus longue.  Peu d’échanges, peur des échanges, pleurer avec elle, parler de la menace du temps, ne pas nous impliquer.

Heureusement, l’organisation est là, nous rappelle  l’ordre des choses. L’orage qui menaçait depuis quelque temps, arrive brutalement avec une pluie torrentielle. En moins de cinq minutes, ceux qui étaient sous un parapluie ressemblent à ceux qui n’en n’ont pas. Je presse le pas, monte une pente entre les tombeaux, concession à perpétuité écrit sur la plupart.

Nous arrivons, inondés, et pieds boueux. Quelques personnes ont risqué les pieds nus et les cousines, madones  aux chevelures trempées grelottent de froid et de chagrin. Soudain, une musique au rythme ondulant et nostalgique s’élève. Les parents se pressent les uns contre les autres. La pluie qui s’abat sur les parapluies nous empêche d’entendre le texte écrit en soutien pour l’amie qui perd sa fille. Nous chantons « les gens qui doutent » tragiquement  adaptée à cette  réalité. M.P. chante avec nous, chanter  a l’air de la soutenir, de l’aider à rester debout. Pause fugace dans le chagrin.

Lente et dernière progression vers le tombeau. Longue file de personnes en pleurs. Hésitations, pourquoi nous infliger cela ?  Quel  soutien, nous sacrifions au rituel avec une rose furtivement lancée.

Descente des parapluies,  traversées des  ruisseaux qui dévalent les pentes du cimetière. Nous ne nous retournons pas.

Envie de partager ta douleur. Mais est ce un vrai partage ou celle d’une  mère qui pourrait être à ta place ?  Cette douleur là est indicible et ne peut s’alléger par le partage. S’appuyer sur quelqu’un-e nous aide à supporter la douleur. Elle est là, elle doit d’abord s’épanouir, monter en puissance, puis comme une vague, elle viendra se casser sur le bord de ton chagrin.


M.C.     

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25 mai 2009 1 25 /05 /mai /2009 22:40

Je me souviens de tous !

 

Je me souviens de C. cherchant un re- père en  écriture,  heureuse comme une enfant de retrouver  son amour des mots.

Je me souviens  de D, qui  a proposé ses talents  de joyeuse calligraphe pour  égayer mon texte et qui   nous a entraîné dans un thriller saintbertrandien  à y perdre ses babouches !

Je me souviens de F. voix enfantine chez cette grande dame pour laquelle les livres sont une  nourriture  vitale et denrée obligatoire pour le bonheur des petits et des grands.

Je me souviens de F. avec laquelle j’ai partagé mes doutes et mes réticences à écrire, si sensible  mais si forte qu’elle serait  capable de faire respirer un caillou.

Je me souviens de M. étonnante  de  sincérité, redécouvrant    sa langue, étonnée de ses audaces.

Je me souviens de M. avait –elle réussi la maîtrise de la tendresse,   simplement  était elle  une  tendre maîtresse ?

Je me souviens de M. compagnon  en écriture  qui    cache bien  ses trésors,  au fond d’une cave !

Je me souviens de N.au  visage lunaire qui nous emmène avec de sourires vers des découvertes poétiques, toujours étonnée de sa fortune de mots!
Je me souviens de P.  l’homme qui nous voit mastiquer, malaxer, étaler, digérer les mots qu’il a aidés à venir au monde, le poète qui nous sauve du chagrin de ne pas être  poète !

Je me souviens de R. appliquée et douée pour le verbe, comme je l’imagine depuis son enfance, renfermant peut être des rêves  fous inassouvis !

Je me souviens de S. l’artiste  dans tous ses états, émotion à fleur de peau,  de nous faire partager ses coups de cœur à nous faire rougir.

Je me souviens de S. à l’écoute des peurs des uns et à la folie des autres qui  invite calmement   à entrer dans  son monde.

Je me souviens de V. enfourchant sa « mobylette » pour nous lire ses petits joyaux, timide mais si sûre dans  son désir de les faire exister.

Marie-claude 

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24 mai 2009 7 24 /05 /mai /2009 10:01


J'ai passé la semaine en Provence, trois jours en stage professionnel à Salon de Provence, et trois jours à visiter Les Baux, St Rémy, Miramas le Vieux, le palais des papes à Avignon, le théâtre antique d'Orange et autres. Bien évidemment, j'en garderai un merveilleux souvenir. Mais je n'oublierai jamais le village de Saint Chamas, miraculeux rescapé de l'industrialisation de l'étang de Berre sur les rives duquel il se situe.

Un soir après la formation, mon ami et moi décidons d'aller dîner hors de Salon et de nous diriger vers Marseille. Nous arrivons par hasard à Saint Chamas, n'ayant pas consulté de guide touristique, seulement la carte routière. Nous découvrons alors un décor aussi beau qu'inattendu, dans la lumière d'une belle journée d'un soir du mois de mai. Je comprends pourquoi de grands peintres, comme Van Gogh, souhaitaient restituer cette lumière et ces couleurs de Provence !

Après avoir longé la rue principale bien ombragée d'énormes platanes, où les quelques commerces encore ouverts, ferment leurs devantures, nous arrivons sur une vaste place face à l'étang. S'y trouvent quelques voitures garées sur le parking, elle semble désertée. Seuls quelques habitants sont encore attablés pour l'apéritif au bar de la Marine qui y a installé quelques tables, et un ou deux pêcheurs déambulent encore près de leurs filets et de leur barque colorée, amarrée avec les autres dans un petit bassin, prêtes à rejoindre l'étang demain. Un couple joue avec ses deux enfants dans un petit square, sous quelques jeunes pins parasol. Quand on se  retourne vers la terre, nos yeux  se  délectent  de tant  de beauté ; la place est adossée à une haute colline ocre percée de fenêtres dans la terre même, ce sont des maisons troglodytes ! Ces fenêtres vitrées se trouvent dans la partie supérieure de la colline et on se demande comment l'on pénètre à l'intérieur de ce qui semble être des habitations. En dessous, des maisons ancestrales s'imbriquent les unes dans les autres, sur différents niveaux, certaines peintes de couleurs vives, aux balcons chargés de fleurs multicolores, mais pas de ces fleurs convenues dans des pots modernes, non des fleurs et des arbustes grimpants, de plusieurs variétés modestes. Tout est tellement authentique ! Ici pas de HLM, pas de maisons ultra modernes et tape à l'œil ! Quand on observe bien, on aperçoit plus loin sur notre gauche, surplombant les maisons, le clocher d'une église qui ressemble à un campanile italien et une partie des arches d'un pont très haut, et sûrement très ancien, surmonté d'une horloge, qui relie cette colline à une autre. Ne voyant pas son utilité, on se promet d'aller le voir de plus près tout à l'heure. Les martinets nous accompagnent, tournoyant au-dessus de nos têtes, lançant leurs cris stridents et rejoignant leurs nids, sous les toitures. A ce moment précis, j'aimerais saisir cet instant et peindre ce décor de rêve.

Mais avant d'aller plus loin, nous voudrions bien trouver quelque chose à nous mettre sous la dent, nous partons à la recherche d'un restaurant, mais ici cela ne semble pas touristique, les rues sont d'un calme qui nous paraît étrange, dans un endroit aussi magnifique. Nous croisons deux ou trois habitants affables qui nous informent qu'à cette heure-ci, tout est fermé, à part peut-être un restaurant à l'autre bout du village. Au coin de la rue, l'un d'entre eux bavarde avec le pizzaiolo local, à travers un fenestrou à barreaux qui donne sur le fournil. Voilà ce qu'il nous faut, nous entrons dans la pizzeria qui n'a absolument rien à voir, encore une fois, avec celles que l'on connaît. Sur le sol de terre battue de cette vieille bâtisse aux murs épais, comme décor, pas de tables, ni de chaises, ni de scooter rouge devant la porte pour les livraisons, seuls trônent un distributeur de boissons devant le comptoir rustique et un grand pétrin de boulanger d'autrefois qui contient entr'autres des photos agrandies en noir et blanc, de Raimu, dans le rôle du boulanger, avec Ginette Leclerc, ainsi que celle de Fernandel dans celui de Don Camillo. Un grand gaillard, vêtu de blanc, oreillette de téléphone vissée à l'oreille, prend une boule de pâte et la bât dans tous les sens, devant le manteau d'un vaste four, où il l'enfourne après l'avoir garnie selon les commandes. Nous attendons la nôtre et pendant ce temps, j'engage la conversation avec le copain du pizzaiolo à qui je pose quelques questions sur son village d'origine dont il est parti, me raconte-t-il, quelques années et où il est revenu depuis peu. : « Oui, les maisons troglodytes ont toujours été habitées, il en reste une quinzaine et certaines étaient particulièrement bien aménagées, l'été elles sont très fraîches, mais l'hiver elles sont humides » me confie-t-il.

Nantis de notre pizza, nous allons la déguster sur un banc sur la place, face à l'étang, admirant le soleil couchant. A cette heure, il prend des couleurs pourpres, irisant de mille feux tout ce qu'il caresse avec douceur, rendant éclatantes les barques qui se reflètent dans l'eau et qui font la plus belle « marine » qui soit.


Nous décidons de nous promener dans le village et de percer le mystère des maisons troglodytes. Une étroite rue longe la colline où nous remarquons qu'y sont accrochés des fils électriques et de téléphone, ainsi que des filets pour prévenir les chutes de pierres. Nous arrivons sous les arcades du pont sous lesquelles passe la route et qui s'avère être un aqueduc du XIX ème siècle. L'horloge, de bonne taille, remplacée en 1902, est vue des deux côtés par les villageois. Nous empruntons des escaliers sur son flanc qui nous amènent ô surprise, derrière la colline où nous découvrons une autre partie du village adossée au versant opposé. Grimpant toujours les escaliers, nous nous apercevons que les maisons sur notre droite sont partiellement enfoncées dans la terre. Les habitants les occupent donc ainsi. Une vieille dame fermant les volets de sa petite maison située sur notre gauche, note notre air ébahi et nous interpelle : 

-« voulez-vous voir ma « grotte » ? nous propose-t-elle avec gentillesse, nous montrant la porte en face de chez elle, dans la terre.

Mon ami est encore plus interloqué que moi.

-« non, ne vous dérangez pas » répond-il

- « mais si, voici la clé, après je vais me coucher, la serrure est à l'envers, pour ouvrir, vous fermez, il y a longtemps que je n'y vais plus » nous dit-elle.

Surpris et ravis par tant de confiance, nous allons visiter « la grotte », creusée dans la terre, en forme de voûte, sur toute la largeur de la colline, et haute de plafond. D'abord impressionnée, je n'arrive pas à y pénétrer vraiment, comme le fait mon ami qui va jusqu'à la fenêtre pour admirer la vue qui s'offre à lui, donnant sur l'étang et la place. Malgré cette fenêtre qui l'éclaire un peu, elle est sombre. Elle abrite tout le bric-à-brac d'une vie, ayant uniquement servi de remise depuis toujours. Cela ressemble à une cave où l'on doit pouvoir conserver de la nourriture et du vin, à bonne température. Nous ne nous attardons pas et rendons la clé à la vieille dame qui nous informe que nous pouvons continuer à pied jusqu'à la statue d'une vierge, relativement loin. En effet nous apercevons des promeneurs sur le faîte de la colline et par conséquent sur le toit végétal des grottes. Nous redescendons par une rue très en pente bordée de maisonnettes anciennes et fleuries pour arriver à nouveau sous les arcades de l'aqueduc, sur une placette où jouent quelques enfants dont les parents discutent à la terrasse d'un bar.

C'est l'heure entre chien et loup, quand le jour n'est pas tout à fait fini et la nuit pas encore tombée. Les formes s'estompent doucement. Nous décidons avant qu'il ne fasse trop noir, d'aller voir le pont romain que nous avons aperçu à l'entrée du village, le pont Flavien, bâti au 1er siècle avant Jésus Christ par les romains. Nous pouvons le visiter sans problème, il n'y a aucune barrière, aucune guérite, il est libre d'accès. Il est en bon état, surplombant la petite rivière de la Touloubre qui lors des orages méditerranéens, doit gonfler jusque sous ses solides arches. Il est éclairé par deux gros phares, nous pouvons l'admirer à notre aise et laisser parler notre imagination, en arpentant sa chaussée grossièrement pavée. Aucun véhicule ne peut y passer maintenant, un autre pont a été construit à proximité, il est dévolu au seul usage des visiteurs et des promeneurs, à pied.

Voilà, la soirée se termine, nous devons rentrer à Salon. Il faudra revenir pour visiter notamment, le parc de la poudrerie, dont nous avons vu le panneau. Quelle belle soirée et comme il est agréable de constater que tout n'est pas une question d'argent, qu'il existe encore des villages comme celui-ci, où règne une douceur de vivre incomparable.


Clara

 

 

 

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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 14:28
Dans un château fort, fort lointain
Il y a fort fort longtemps, dans un château fort fort lointain vivait un prince né pour mordre. Toujours prêt  à tout torpiller sur son passage. Sous la lumière du soleil et même la nuit. Sans repos, jamais, il mordait. Sa mère , la reine était niaise. Son père, un roi scintillant. Son valet noir portait un marcel et des gants blancs couleur nuage. Lui seul savait esquiver les colères de son maître. Le moine quand à lui restait stupéfait devant tant de bêtises. Il ava it pris le parti d'en rire. On sentait bien que l'idée de se marier ne le rendait pas audacieux, bien au contraire. Devant l'exquise princesse Rose, il se transformait en chardons dindon et ron et ron petit patapon. Ses mains étaient tordues de timidité, des lenteurs dans la voix faisait penser qu'il avait un petit vélo sous le capot. Un baudet en guise de destrier, ils allaient batifoler. Ensemble ils aimaient courir cheveux aux vents, se rouler dans les herbes tendres, et lui de crier : « aie ! j'ma suis piqué ! »
                                                                                                                                                                                            faby
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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 16:42

Je n’ai plus peur de l’abondance. Je sais des lignes de dispersion. Train et fleuve, lignes de force, évasion et courage. Tout ce que charrie le train d’histoires concassées, laissons-les se raconter toutes seules. Et le fleuve, ma foi, saura extraire l’eau des pierres. Laissons ça. Ainsi que le cloître enduit de vieilles prières.

Je n’entre pas à l’oisellerie. Mon pas éclabousse le pavé. Il n’est pas militaire. À la jointure des pavés, un résidu de plume tremble à qui mieux mieux. Du haut de l’abbaye, les pigeons observent l’évolution des passants et, finalement, ils s’en foutent vraiment, de tout ça, et vont se faire voir ailleurs (au passage, je les accuse de se taper du clocher). Je passe ma main dans les pensées ou le contraire, je ne sais. Le myosotis me regarde de son œil pervenche. À la part des anges, j’aime toutes les revanches. Elles me vont bien et mieux.

Je m’assois sur les marches criblées des éclats de voix. Me voilà logée dans le tympan de l’église. L’oreille du monde et tout le tralala…L’oreille qui voit. Le prof raconte pour la énième fois. Les écoliers gazouillent, appliqués et maladroits. Un avion à réaction acère le bruit de mon stylo sur le papier blanc cassé.

Les camions du matin sont beaux quand ils se prennent pour des cargos. De grands cartons, délivrés de leur marchandise, sont adossés contre les murs. Le carton, c’est chaud, ça vaut bien une maison. Où est l’indien, parti dans le matin ?

Un carton, c’est de la peau à écrire, de la peau arrachée, tranchée, laminée. De la chair, ma chère… Graffitons-la !... de nos pieds, de nos mains. Apposons-y aussi la poitrine. Tatouons-la ! Tatouons-la ! Etreinte/empreinte du souffle et de la voix.

Et ma cage thoracique qu’enferme-t-elle, elle ? À part cet espèce de coucou qui dit oui qui dit non. Et ce coucou, qui tant insiste, que sait-il de sa petite maison pas plus grosse que lui ? Il sait tout. Tout ! Tout ! Tout ! Tout ! C’est son tout petit mystère à ressort.

-me dis-je en secret- tandis que la caresse de l’air est tellement printanière.

 

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14 mai 2009 4 14 /05 /mai /2009 16:35

Il y a du burin dans l’air et des senteurs de tourterelle. Le soleil glisse comme un chat sur la gouttière. Un chat chaud, tant qu’à faire. Un torchon pas très net fait le drapeau à la fenêtre. Ça, c’est pour le décor à défaut d’ambiance.

La maternité ? Elle se trouve à la droite des cris, à la pagode, exactement. Ce n’est pas un taudis. Elle est en grands travaux de printemps. Et toutes les décorations tombent dans le panneau des pensées. C’est normal. Heureusement qu’aux pompes funèbres, à côté, il y a de la joie, mais ce n’est pas gratuit.

Vous vous perdez, on dirait… Vous ne pénétrez pas sous la futaie des marronniers en fleurs dont l’odeur vous chavire… Cependant, ce n’est pas l’envie qui vous manque. Là, à l’abri d’une moustiquaire, on brade de petits enfants moelleux. Des ombres lestes, dissimulées dans celle, épaisse et vibrante, des arbres, les achètent par douzaine, pour les rapporter vite, vite, en clopinant, au restaurant du Chapon. Pas vu, pas pris. Très bon restaurant, du reste.

Vous passez de l’autre côté de la route. Vous avez tort, sans doute, mais il n’y a personne pour vous le dire. Tout à coup, le gravier se met à mugir avant que vous ne le piétiniez, un sacré monstre, le gravier, d’autant plus dangereux qu’il est aplati ! D’ailleurs, il s’est doté d’une grille en fer forgé. Ici, on laisse entrer les camions jusque dans la glycine, mais pas les gens, parce que les statues ne peuvent pas les piffer, à moins qu’ils n’aient l’air d’un baril ou d’un pèlerin à antenne. À part ça, elles sont terriblement république, les statues, c’en est gênant parfois. Il y en a quelques unes, à bien les regarder, vous remarquerez qu’elles n’ont pas tout à fait bon genre, mais qu’importe, n’est-ce pas ?

Autant vous avertir, il y a une forte probabilité qu’un caniche dingue se mette dans vos jambes ou se cache sous un pot à l’envers. Le pauvre, il a perdu sa mémère qui s’attarde à l’oisellerie s’étant mise à chanter. De quoi prendre la clé de la ville et faire un tabac, vraiment, ne serait-ce le courage du palmier ou les créneaux du lilas, mais à chacun sa marquise, n’est-ce pas ? N’y a-t-il pas de l’esprit qui rÎt dans la permanence du clocher ?

Vous voilà sur une place, seul et libre, désemparé peut-être, ne sachant où poser vos yeux las.

Mais la pergola est là, qui danse la carmagnole, ignorant le puits ainsi que la chaise en fer, et pourtant, je vous le jure, la pergola n’aime que les trouées. Des trouées, on peut en trouver où on veut. Difficilement dans le magnolia dont la gorge est profonde. Peut-être dans le chant du merle et encore… Dans la vasque, c’est la tuile et le grillage, non ! C’est du rideau. À la miroiterie, hélas, on s’y perd comme dans une botte de foin, parce que, comment dire, et vite, tout ce qui est volé est multiplié ! Quant au galet, parfois, c’est vrai qu’il roucoule. À n’en pas douter.

Des trouées, tenez, il y en a sûrement à la part des anges… facile, me direz-vous, oh, vous savez, je n’ai rien contre la facilité… Simplement, j’aimerais vous dire, moi, et je ne vais pas y aller par quatre sacs… Pourquoi ne regardez-vous pas  du côté de la chambre des petits enfants, ce n'est pas pour rien qu'elle attire les grands apprentis bouchers… À vous de voir.

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