textes écrits par les participants du sentier d'écriture Matabiau-Carmes, samedi 19 novembre 2011 |
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Hôtel particulier
Cour ciselée, coursive élégante, brique noble et pavés dessinés paraissent se moquer du temps et de l'effervescence frivole de la rue en travaux et de ses boutiques. Ce n'est pas un lieu, c'est un dessin. Ce n'est pas un hôtel particulier, c'est une contraction du temps. Le pastel en a fait la richesse, sublimant la brique en une noblesse apparente. On entend au dehors le bruit des moteurs et les voix des gens ordinaires. Mais ici est exception. Ici se veut rareté. Ici on prend en photo le calme du lieu, tandis que dehors, on subit le bruit infernal de la fébrilité citadine. Où sont donc les limites entre le beau et le laid, entre le noble et le miséreux ? Est-ce la lourde porte d'entrée en bois serré par les années ou bien ce pan de mur voisin qui ose montrer sa décrépitude naissante ? La limite n'est-elle pas ici même, dans l'apparence d'éternité, dans le détail trop parfait ? Les visiteurs sont triés sur le volet. Ils portent tous une bague de brique taillée, signe de l'appartenance des gens bien élevés au clan très fermé de ceux qui savent apprécier. Mais que savent-ils du figuier qui prend racine ici dans l'angle d'une marche, de la mousse qui s'invite entre les pavés, du mégot qui tente de résister au balai ? Ont-ils vu le rat qui se cache dans le soupirail et le petit garçon qui épie depuis la fenêtre aux vitres brisées de la vile maison d'à côté ? La brique de ma bague a dû se briser.
PIERRE |
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Un vol d’oiseaux. Je les ai tous vus, depuis la grande verrière. Comme un feu d’artifice, ils se sont éparpillés tel un bouquet éclaté, partant dans mille directions et survolant les toits de tuiles roses. Je les ai vus courir le ciel et le remplir de plumes, depuis la grande verrière ou j’admire cette vue. Carrée, pavée, rosée, agencée et captivante, la cour de l’Hôtel est mon invitée. Je l’admire à chaque instant et chaque heure de la journée, observant les différentes teintes que la nuit et le jour lui donne, contemplant les abat-jours que laissent deviner les fenêtres arrondies. Parfois elle se mue dans un silence profond, comme endormie, parfois elle laisse résonner des sons extérieurs à elle, mais sans jamais l’abimer, la froisser. Petite chose précieuse, du haut de ma tour, elle tient dans ma main comme un secret gardé au chaud. Et lorsque le soleil se fait moindre, et que la nuit l’enveloppe, elle, cette petite boîte à ciel ouvert, revêt son manteau mystérieux et fait renaître les personnages d’une époque lointaine. Loin du tumulte de la vie extérieure, des va et vient des visiteurs, les pavés renaissent de leur silence pour ne laisser entendre que les songes d’un soir, observés et rêvés, du haut d’une verrière.
AGNES |
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HÔTEL
La cour de l’hôtel d’Assézat, Ici, Le temps Cette parcelle mobile de l’immobile éternité, Le temps semble s’être arrêté, là. Briques roses du palais architecture complexe, Désir de raffinement extrême Aspiration d’images voulues par ceux d’hier À leur gloire Quête de mémoire Ne pas être oubliés Continuer à vivre Immobile éternité Hâvre de paix ? Un enclos silencieux à l’écart de l’extérieur Des bruits impétueux, Exubérants, fracassants, Incohérents, disparates, parfois étonnants. À l’extérieur de la cour pavée de l’hôtel Des actions humaines Sans cesse, la vie, coté bruit A l’intérieur de la cour pavée La vie côté enclos HÔTEL
BERNADETTE |
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