La météo est avec nous Et nous voilà partis sur le sentier ? de la guerre ??? arrête, on n’est pas là pour rigoler. Vers le joli marché et le sourire impeccable de la vendeuse de pousse moutarde. Elle est la reine de son étal, qui pète de toutes les couleurs possibles. Et me voilà embarquée dans un diaporama . Comment choisir parmi toutes ces vues de bouffe étalée. Bonne, la bouffe ; ça se voit. Ça ne se sent pas. Aujourd’hui toutes les odeurs m’ont manqué. Dommage, un marché sans son nez. Pour les oreilles, rien de tonitruant. Ça ne gueule pas à St Cyprien. En tous cas, je n’ai pas souvenir d’avoir entendu. Peut-être trop de bruits de voitures. Maudites voitures. Rêver la ville sans voitures. Sortie du rêve, au débouché sur le Quai de l’Exil. Immersion dans le grand calme du fleuve, cadre pour l’œil, la proportion parfaite : l’arrondi du mur, la ligne verte de la rive droite, et la poupée jaune (le bonnet), blanche (la veste), bleue (la culotte), rouge (les chaussettes), sous le ciel délavé, et le vol des mouettes. Evocation des photos des murs de Leningrad et de ses hommes lézards dans le soleil du Nord. Toutes ces rives ont vu défiler tant d’Histoire(s), avec ou sans H majuscule ou s.
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Ces murs emplis des murmures de tous les hommes passés au travers de leur vie. Journée passée à passer, le long des rues, le long du fleuve, au-delà du fleuve, au travers des places. Passage au café, passer son carnet à l’autre. Surprise du reflet sorti de nulle part. Passage de l’image par le miroir et la vitrine. Retournement de l’image, tromperie, confusion ; un coup à l’envers, un coup à l’endroit. Pour une non-photo totale : un store : « Epil Center » écrit en blanc sur fond noir et « Modelage » en noir sur fond rouge, dans la foulée. Mystère des traversées de miroirs. Pour une connerie urbaine. Faire du tricycle sur un trottoir, quand on voudrait rester au chaud à la maison. Difficile apprentissage des obligations citadines par ce petit garçon qui pleure à chaudes larmes. Il fait soleil. C’est samedi. Maman a décidé qu’on irait faire du vélo. Avant de rentrer à la maison. Apprendre, toujours apprendre, encore une traversée vers l’inconnu de la découverte. La lettre A de l’abécédaire. Un GROS mot, pour commencer ! Et pourtant un des derniers écrits. Avant la plongée sous la ville pour être submergée par la vague noire de la voie lactée du métro. Long moment souterrain, installée dans la marge, près de la ligne de fuite des carreaux infinis, percés de trous d’où peut surgir n’importe quoi ou s’échapper tout aussi…
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Y pensent-ils seulement un jour, ceux qui courent tous les jours dans les escaliers, après un temps trop compté ? Derrière leur boulot, leurs enfants, leurs amours enfuies ? Savent-ils qu’ils subissent ce flux à chaque passage ? Le jour où on leur retirera leur vague noire, elle leur manquera. Ils ne sauront pas pourquoi. Est-ce un retour dans le ventre maternel, et une nouvelle naissance, aller/retour quotidien pour les réconforter de leur vie misérable ??? Passages…………… |
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