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7 mai 2009 4 07 /05 /mai /2009 15:16
 

" être contemporain à soi "

 

 

Une brise légère, un souffle divin, pourtant surplombée par tous les monstres de la création biblique, je me sens en sécurité sur les marches de pierres.  Elles sont polies, lisses comme du marbre, douce comme de la peau. Toutes ces bêtes à l'aspect effrayant veillent. Sur nous, sur la ville. Peut-être sur rien du tout d'ailleurs? Bizarrement, ça a un côté rassurant.

-« Vous voulez qu'on échange? Vous voulez pas qu'on échange? »

-« Moi, j’aime bien ces petits personnages qui font des grimaces ! »

Il règne ici une paisibilité inhabituelle, une quiétude propice à la méditation. La chaleur sans être écrasante me plonge dans un état cotonneux. Ma demi surdité m’isole juste ce qui faut. Le serveur dit qu’il devient fou. Soi-disant par ces incessants aller retour pour nous servir nos boissons. Je m’étonne un peu, je pensais que cela faisait parti de sa fonction.

-« Tu as vu je commence à avoir mon attirail pour commencer à arrêter de fumer »

 

Le pot à l’envers se trouve place Durand Redon, le Graal aussi. Si Arthur Pendragon l’avait su, serait-il allé si loin ? Où alors, qu’importe le but du voyage, seul le chemin importe. Pourquoi regardent-ils tous en l’air ? Quand le sage montre le ciel, le fou regarde le doigt. C’est triste ! Ou peut-être juste prudent ? Tant pis pour la prudence!

-« de l’aide ? »

Je ne sais pas ! Je sais juste qu’elle ne viendra pas du ciel. Les lettres de la ville sont bien cachées. Comme le sont souvent les maux ! Ici, on ne distingue pas non plus les pansements. C’est bien fait finalement. Mais tout de même le pot à l’envers de la place Durand Redon. Peut-être que tout vient de là ?

Hop ! Cachées sous le pot les misères. Un petit coup de balai et ni vu ni connu. Je n’arrive pas à me résoudre à l’idée que ces monstres soient là par hasard. On ne montre pas impunément de telles atrocités. Avec le temps, on colmate, on panse et on ne voit plus rien. Ou presque. Les blessures, elles subsistent et deviennent intérieures. Un jour, elles peuvent ressurgir. Au moment où on s’y attend le moins. Finies, les dégustations nonchalantes  de sorbet de chasselas aux terrasses des cafés.

-« Ici, c’est l’enfer !Ils se font dévorer par les serpents. Ils ont beau implorer Abraham, ils brûleront dans les flammes de l’enfer »

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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 17:01

Fontaine, je boirai de ton eau, après, après l’eau de roche charriée par les torrents fringants. Après l’eau dégringolée des cascades. Après l’eau du nuage crevé. Après l’eau souterraine née de la nuit et du silence, l’eau où craquettent de noirs insectes, l’eau où clapote la musique des rêves. Après… Après  l’eau du fleuve.


***


Élans et racines

Joie du pied

Voile des voix  

Qui soutiennent le temps

Et l’espace

Secret de l’eau infinitésimale

Où fleurent

Les essences de la terre

Sa peau

Saveurs qui savent

La corne du son

 

La toile du ciel danse

Sur les sommets du souffle

Voûtes qui envoûtent

Toutes les voûtes

Le om de l’homme

Les hommes rhizomes

Ils bandent l’arc infini du monde

Pan déployé comme un paon

Tapis des voix tapies

Tissé de tous les fils de l’air

Solutions

 

Sur la hampe du P

L’acanthe

Dans sa panse les oiseaux

Et le V qui attend sa voyelle

Vase où se caler

Pour ouvrir les mots

 

***


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5 mai 2009 2 05 /05 /mai /2009 11:41

 

La consigne est la suivante : écrire pendant une heure librement, devant le tympan de la ville de Moissac, et se laisser aller au fil de ses pensées.

Horreur et damnation pour moi ! Écrire sur commande est déjà carrément impossible en ce qui me concerne, même dans un lieu privilégié chargé d'histoire. Mais en plus, écrire, alors que des dizaines de collégiens sont là, accompagnés de leurs professeurs, s'interpellant, commentant, rigolant, c'est de la haute voltige pour moi.

Alors, je suis là, attablée à ce bar, incapable de me concentrer, l'esprit vide, sous ce beau soleil de printemps. C'est vrai que le lieu est particulièrement beau. Le Tympan, la porte d'entrée de l'église abbatiale Saint Pierre, est une pure merveille ; pour le décrire, il faudrait des heures, tant il est travaillé et rempli de symboles.

J'envie mes camarades de stage si prolixes, à l'imagination débordante. Je me trouve terriblement terre à terre, faisant peu travailler mon imagination, m'intéressant plus peut-être aux problèmes « politiques »quotidiens. Il y a de la préoccupation dans l'air en ce moment, pour tant de gens démunis devant tous leurs problèmes, et ici il doit y en avoir pas mal aussi, parmi tous ces gens qui passent.

Stop ! Je vais me balader dans la ville !

Aie, au moment où je me lève, passe Philippe, le formateur du stage.

  •  
    • « Quoi, que fais-tu ? La consigne est d'écrire une heure, pas moins » me dit-il.

    • «  Mais je n'ai rien à dire, et en plus, je ne peux pas me concentrer »

    • « Mais si, tu vas voir, tu vas trouver, me répond-il, choisis toi un autre coin plus tranquille »

Et me voilà partie le chercher, ce coin. Au détour d'une rue, qui vois-je ? Marcel, sur une petite place ombragée de platanes. Il me fait signe, et m'interpelle (ah, lui non plus ne respecte pas la consigne ! Pardon de cafter !) :

  •  
    • « viens voir les jeunes merles !»

Ah, tu tombes bien, Marcel, l'écriture est retardée encore, et puis ce serait impoli de refuser.

Ils sont sympas ces merles, et toi aussi !

Enfin je finis par lui dire que j'ai du boulot, je dois d'abord le trouver ce coin magique !

J'attérris sur un muret ombragé sur un parking, prés du cloître, et j'écris ce que je peux.

C'est vrai, finalement, on peut toujours écrire quelque chose, même si cela n'est pas particulièrement brillant et que cela ne restera pas dans vos annales. On peut écrire donc, comme on peut l'ouvrir, même si l'on a rien à dire.

Re-stop ! Il n'est pas tout à fait 11 h 30, heure de clap de fin. Espérant ne pas tomber à nouveau sur Philippe, je me dirige vers le point de rendez-vous, en passant sur une passerelle au-dessus de la voie ferrée, blessure ouverte par la SNCF, au XIX ème siècle, scindant en deux un ensemble architectural initial remarquable. Déjà, à l'époque de cette agression, les intérêts économiques primaient sur les intérêts culturels. Heureusement quand même que Prosper Mérimée a pu sauver du massacre, ce que nous pouvons apprécier aujourd'hui.

Quand tu liras cela Philippe, je crois que tu ne vas pas être déçu par ma prose !

 

                                            Ah ! le beau merle !

 

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28 avril 2009 2 28 /04 /avril /2009 08:35

tu sais, on aurait pu s'enfuir, Marguerite, prendre l'escampette, comme on le dit dans le pays, en sautant par-delà la murette à la barbe de ta grand-mère qui siestait sous la glycine
j'aurais bien été capable de dézinguer un bout de ton ciel, dégonder le volet en bois qui te retenait prisonnière, et j'aurais pris ta main, comme on vole une pomme, pour courir plus vite
tu n'aurais pas crié quand j'aurais cherché à nous perdre comme quand on étaient petits, là-haut, tout en haut de la grande montagne
tu n'aurais pas crié parce que tu n'aurais pas eu peur


oui, on aurait pu, par amour, par choix, pour ne pas être les derniers, pour partir, pour fuir, parce que
les raisons, ce ne sont pas elles qui font agir, c'est ça que tu disais souvent, les raisons, elles murissent sur les grappes, on les vendange et on les partage pour paraître plus juste
les raisons, c'est à la fin d'une saison de vie qu'il faut les ramasser, quand elles semblent bien pourries par le temps, presque à se détacher d'elles-mêmes
avant, c'est vert, presque amer, les raisons, ça n'a pas même de goût, c'est tout juste bon à être accumulé avec les savoirs, les connaissances, sur ce tas, là, celui qui te sert de compost

je me serais peut-être trompé, Marguerite, gouré, rompu, bien avant le premier cairn 
peut-être qu'on ne se seraient même pas perdus dans la montagne, celle de là-haut, parce que je l'aurais perdue de vue bien avant, la rocaille, ou parce que le temps nous aurait manqué, parce qu'il aurait fait presque nuit déjà, parce que j'aurais fait barrage avec mes bras pour empêcher tes larmes, parce que tu aurais reconnu le chemin du cap de l'âne, parce qu'ils auraient envoyé les chiens à notre poursuite

le chien, Marguerite, t'en souviens-tu seulement ? tu sais, ce gros chien qui depuis toujours avait le goût du sang
il l'avait pourtant dit, ton grand-père, qu'on ne gardait pas un « chien qui »
parce qu'avec un « chien qui », il y avait forcément un « jour où »
mais il n'avait pas pu, non, à cause de ses yeux de loup et de son regard presque humain
à cause de cet air d'être, de cette façon de ne pas supplier, de ne pas sentir la mort qui lui tirait la langue, à cause du vent qu'il battait innocemment avec sa queue

il n'avait pas pu

il y avait des jours où jusqu'ici ça sentait le caoutchouc, ces jours-là, on aurait pu se choisir une maison dans le village, car toutes étaient vides, désertées, c'était jour de marché ou jour d'usine et tous étaient à la ville
on aurait pu en élire une, avec un grand lit, pour s'allonger
une maison de village avec un perron et une rambarde en fer, joliment travaillée
une entrée de quelque chose pour te faire honneur
un quelque part où je puisse, pour une fois, passer un seuil

 

afin d'éviter                 tout retard
(j'ai toujours été en avance, Marguerite, toujours, j'aurais du en crever)

 

et toute                       dispersion veuillez
(ma mère, jeune, et son troupeau d'oie)

 

attendre                      dans le Cloître
(cloîtrer, sans jamais pouvoir sortir du secret)

SVP                    merci
(s'il te plaît pardon Marguerite)


 

la porte du dépouillement, c'est comme ça qu'on appelait l'ancien passage des pestiférés
nous y passions, enfants, têtes en lambeaux, pieds ampoulés, comme des fantômes écorchant leurs petites hontes au mur de pierre
t'en souviens-tu ? 
il m'arrivait d'attraper un serpent dont j'écrasais la tête entre le pouce et l'index - l'épreuve -
j'aurai pu devenir ton roi, Marguerite, ton prince, pour te défendre contre les gorgones - la preuve -

 

un jour, il est arrivé
il expliquait les pierres avec des postures de discobole, un doigt lancé par-dessus la montagne et des paroles savantes pour défricher les chemins et toi
toi, tu buvais à ses lèvres, tu dansais immobile dans le vent, tu riais sur les ruines,
oubliante,
oublieuse de notre jubé, de nos cathédrales, de notre saint crocodile  
déjà partie
raptée

j'ai voulu te retenir

                          

ton rire contre la dalle, ta tête contre la pierre

                                                                                                                                                                                                                                                    silvie piacenza
 

 
 
 
 

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27 avril 2009 1 27 /04 /avril /2009 21:18


Au château, ils sont tous là... Réunis et prêts à mordre. Quelques uns pensent plus loin... ils ont dans l'idée de torpiller leur voisin. Qu'il s'écroule le maudit, transpercé de lumières !
Il n'y en a qu'une ! Belle comme un nuage en scintillant marcel. C'est la niaise jolie assise dans ses pensées. Elle tapote la table de ses petits doigts légers. Elle attend. Que vienne le soir, le soir du grand bal et le bouquet final !
D'abord esquiver le vilain, qui ressemble à un moine. Celui que ses parents tordus se sont mis en martelle, de lui faire épouser. Surtout lui rire au nez à gorge déferlée. Qu'il en soit stupéfait ! Rire de son épouvantable mine et sentir l'audacieux prétentieux, bête et ridicule. Se délecter et le voir pâlir, sa rose à la main. Imaginer sous l'effet de l'affront, la charmante en épines transformée en abominables chardons...

La jolie niaise sourit, laisse encore mûrir dans sa tête ses redoutables desseins.
Mais rien ne presse !... Les lenteurs lui conviennent, lui donnent des couleurs.
A regarder tous ces vauriens attablés, le plus raisonnable ne serait-il pas de déguerpir au plus vite ? A vélo, pourquoi pas ? Mais dans ce triste lieu n'existe qu'un pauvre baudet usé jusqu'à la moelle ! Où alors mettre son cou à ses jambes et courir courir, filer tout en cheveux... S'enrouler jusqu'à lui. Et enfin entreprendre de tendres explorations...
Non, non courage niaise jolie ! Avant ça, il faut qu'ils  t'entendent. Crier et encore crier et hurler au scandale !
Pour tout envoyer valser, il n'y a plus, patiemment qu'à attendre le bal !

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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 17:46

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Dans le scriptorium, j'ai noté que les copistes utilisaient des cochenilles pour réaliser la couleur rouge servant à décorer les enluminures. Chez moi, les seules que je connaisse, tuent mes plantes d'appartement, et la plupart des gens ne connaissent pas cette ancienne utilisation.


Je sais aussi que d'après la légende, afin de définir l'emplacement de l'abbaye, Clovis, le premier roi franc, aurait lancé son javelot depuis une colline environnante. Cela paraît fort improbable, mais c'est ravissant pour tous ceux qui ont gardé une âme d'enfant.







Moissac est ainsi un lieu de passage pour des itinérants sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. Les pèlerins, croyants ou athées, s'y arrêtent et s'initient, chemin faisant, à la philosophie qui s'en dégage. Cette manière d'aborder la randonnée permet souvent de faire connaissance avec soi-même.

 


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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 16:36


Une gourgandine gourmande engouffre goulument de gigantesques gâteaux gélatineux. Elle se régale, en grognant de plaisir. Elle ne se rend pas compte de sa monstrueuse et progressive métamorphose en goule tétramorphes.

Destinée à quoi ? A rester là, les deux pieds dans la terre ? Enracinée comme l'arbre ou itinérante comme la cochenille? A moins d'être nait bête bifide ou tétramorphe, et fuir ce monde inhospitalier, ce dédale de désespoir, pour la terre aux légendes.

Dans la fontaine fantasmatique des rêves, enchâssée dans la pierre, une fragile figurine de femme fine et fertile s'enfuit sous les flots poursuivie de créatures bifides qui se figent de surprise et d'effroi, à la vue de sa fine silhouette.

Enchâssé dans la pierre des chapiteaux, un bestiaire fabuleux s'échappe la nuit en glissant le long des colonnes du cloître.
Recueil de bêtes fabuleuses, monstres hybrides d'hommes et d'animaux. Hydrocéphales ou hydropiques, tétramorphes ou bifides, dragon de chine pourvoyeur de pluies, sirènes naufrageuses, gorgones goulues, chimères fantasques entassées dans un grand livre poussiéreux...

 

 

 

 

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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 15:25
En ce matin frisquet, du balcon fleuri surplombant la ville, mon regard curieux balayait l'horizon.
Encore en chaussons, je voyais au loin, au delà du fleuve, en deçà des toits, quelques mongolfières s'égayer.
Alors que j'attendais mon café, les oiseaux de nuit, et de jours aussi, ahuris, affolés, s'éloignaient à tire d'ailes, au son de la sirène, crispante et lugubre.
Attentive, je voyais, dans le ciel azur zébré de cirrus, les ballons colorés romprent la morosité du lieu.
Soudain, loin du quotidien, écorché de nuages et de fumées opaques, le rêve s'accrochait à ces bulles multicolores.

Denise A.
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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 14:42
Il se lèche les doigts qu'il goûte un à un. Passe sa  langue sur ses lèvres charnues, zieute les alentours pour chercher quelque chose à sucer à mâcher à se mettre sous la langue le palais.
Qu'il broie l'extérieur !! pour en sentir toutes les saveurs.

Vice et vertus
Au bout   le   S
De Serpent
"Qui serre et qui pend"
Disent les enfants.

Ouvrir les mots comme des pierres: les fragmenter les creuser les concasser les tamiser, laminer.
Quoi d'autre encore?
Les rassembler après tout cet éclaté
Les mots deviennent comme les murs
Des murs qui attirent l'écriture
Des personnes passent  et laissent  traces.

-" Que dit l'image ? "
Dit le maître aux enfants sages
Le maître parle
Les enfants écoutent     coûte que coûte.
L'image dit bien des choses aux  enfants qui regarde cette chose.
Ils pensent les images et se racontent des histoires
des histoires d'images  d'enfants sages.

Que dit l'image aux enfants sages.?

C'est au XIème siècle que fut découvert le traitement des laines de moutons, sans abîmer les peaux.
Cela dit les spécialistes se déchirent le cuir pour en avoir des preuves écrites.
Quant aux autres les querelles de spécialistes leur importent peu:  surtout depuis l'invention du synthétique.
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26 avril 2009 7 26 /04 /avril /2009 14:32

Le château
Ce matin, je vais la mordre ou alors la torpiller
Dans cette lumière blafarde je vais me faire la niaise du dessus.
Je suis scintillant et pose mon Marcel, regarde les nuages.
Je suis prêt à esquiver le moine du rez de chaussée
Stupéfait part son rire, je lui ferai sentir mon audacieux parfum "Eau de rose"
qui n'est pas du chardon!
Elle ne fait pas partie des tordues, malgré se lenteur. J'ai pensé le vélo. Nul
besoin de baudet aujourd'hui.
Je vais la faire courir et plongerai le nez dans les cheveux, prendre ses mains tendres
et la faire crier.
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